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Ce que le fondateur de NIKE nous enseigne

Dans le monde de l'entrepreneuriat, « L’Art de la Victoire », qui est l’autobiographie de Phil Knight, le fondateur de Nike, fait référence. L’ouvrage est cité par de nombreux entrepreneurs comme étant une réelle source d’inspiration et d’apprentissage.

Nous avons profité du confinement pour le lire enfin.

Comme les facteurs clés de succès de l’entreprise ont été maintes fois commentés, nous avons préféré lister ici les points – moins souvent mentionnés - que nous avons personnellement trouvés intéressants, interpellants, ou pertinents pour réussir. Nous espérons que cela pourra vous inspirer. Bonne lecture !


Phil Knight en noir et blanc

1. Rome ne s’est pas faite en un jour

La première chose que nous avons trouvé intéressante dans le livre, c’est sa dimension temps. Il a fallu un long chemin à Phil Knight pour arriver à créer ce que nous connaissons de Nike aujourd’hui, environ 20 ans.


Aujourd’hui, on peut avoir tendance à rechercher le succès immédiat, à vouloir lever rapidement des fonds, à être impatient. Ce livre nous montre comment Nike s’est construit pierre par pierre, avec de l’humilité, et surtout avec juste la volonté de vouloir faire mieux chaque année.


2. Avoir une idée folle, une philosophie, et prendre des risques

Au début des années 60, les voyages sont encore peu répandus, et une minorité de personnes s’intéresse au running, c’est une préoccupation de niche.

Adidas truste le marché de la chaussure de sport.

Pourtant, Phil Knight va vouloir parcourir le monde, faire un voyage initiatique, et réaliser son « idée folle » : celle de vendre des chaussures de running japonaises aux États-Unis (n’oublions pas que la 2nde guerre mondiale n’est pourtant pas si loin !)

Pour cela, il n’aura jamais peur de prendre des risques.

Phil Knight ayant fait beaucoup de course à pied, il va développer son entreprise avec la même philosophie que celle de son sport : être animé par la victoire (ou en tout cas, comme il le dit, par la volonté de ne pas perdre), par le courage et la persévérance (dont on a tant besoin en tant que coureur dans les dernières mètres).

Il va prendre des risques, ne pas avoir froid aux yeux : dès le début en allant demander à un fabricant de chaussures de sport japonaises de devenir son distributeur exclusif aux USA, alors qu’il n’a même pas encore d’entité juridique, puis tout au long de la vie de l’entreprise, en ayant une croissance extrêmement forte, toujours sur le fil,

avec une trésorerie plus qu’en flux tendus.



3. Après avoir ciblé son public, aller le chercher là où il est

Ce que nous avons trouvé également très intéressant, c’est l’approche commerciale.

Phil Knight décide de s’associer au grand entraineur de champions de course à pied, Bill Bowerman, et cela lui permet de gagner immédiatement en crédibilité dans le milieu.

Il ne vise pas un marché trop large, ne disperse pas ses efforts en essayant de croître trop vite : il se concentre d’abord sur les coureurs, les passionnés, ceux qui ont besoin de chaussures. Il crée sa communauté, qui génère ensuite du bouche-à-oreille. Nike ne deviendra mass-market que bien plus tard.


4. Avoir des convictions, mais ne pas être buté : savoir s’adapter

Ce qui est frappant dans le livre, c’est le nombre d’aléas et de difficultés auxquels Phil Knight a été confronté. Il a toujours su rebondir en s’adaptant.

Par exemple, nous ne savions pas qu’à la base, Nike s’appelait Blue Ribbon, et que son activité était de vendre des chaussures de sport japonaises, de la marque Tiger.

C’est uniquement parce que Tiger a décidé de considérer d’autres distributeurs aux USA après quelques années de collaboration avec Blue Ribbon, que Phil Knight va décider de créer sa propre marque. Qui sait, sans cela, peut-être que Nike n’aurait jamais vu le jour !


L’intelligence de Phil Knight, c’est celle de s’être adapté : il sentait que le marché était porteur (il était toujours en rupture de stocks, les ventes allaient croissantes chaque année), et donc plutôt que d’attendre de se faire exclure par Onitsuka, la société produisant les Tigers, il a décidé d’anticiper, et de rechercher des usines pour créer ses propres chaussures. C’est ainsi qu’il a créé sa propre marque, Nike.

Phil Knight a également fait preuve de pragmatisme : au début, il n’a pas hésité à prendre des jobs à côté, car il savait qu’il ne pourrait pas vivre correctement de Blue Ribbon. Il a fait preuve d’humilité et de courage, en faisant des doubles journées, pour ne pas mettre son foyer en danger financièrement.


5. Ne jamais se reposer sur ses acquis, innover

L’autre grande force frappante de Nike, c’est sa capacité à innover.

Le fait d’avoir eu Bill Bowerman en associé a été déterminant dans son succès, puisque c’est lui qui faisait de nombreuses expérimentations pour améliorer la performance des chaussures (l’anecdote sur l’utilisation du gaufrier de sa femme pour travailler une nouvelle semelle est juste superbe !)

Le fait de cibler avant tout les coureurs de haut niveau leur a permis d’avoir de nombreux retours clients très pointus, et de vouloir sans cesse améliorer la qualité de leurs produits.


Phil Knight a également été visionnaire à plusieurs reprises :

  • Quand il est sorti de la chaussure de running pour s’adresser à d’autres sports

  • Quand il s’est dit que les chaussures de running pouvaient être portées tous les jours, comme un article de mode

  • Quand il s’est dit qu’il fallait développer les vêtements en plus des chaussures, et notamment pour pouvoir rivaliser avec d’autres équipementiers pour signer des contrats de sponsoring avec de grands athlètes

  • Quand il a voulu explorer d’autres lieux de production que le Japon : il fut précurseur, en allant d’abord à Taiwan et en Corée du Sud, et surtout en délocalisant sa production dans des usines en Chine, alors que c’était très peu répandu à l’époque


Esquisse du logo Nike

6. Le fait d’être a priori un piètre manager s’est finalement révélé être un atout

Ce qui nous a également étonnées, c’est que lorsqu’on lit le livre, Phil Knight ne se décrit absolument pas comme un grand leader.

Il explique comment il ne répond pas aux lettres de Jeff Johnson, salarié surmotivé qui lui écrit énormément, en attendant de la reconnaissance et des encouragements.

On comprend à travers le livre qu’il n’est pas du tout directif, qu’il ne contrôle quasiment pas ce que font ses salariés, et qu’il embauche souvent sur recommandation, n’ayant pas peur de travailler avec des proches de proches, sans vraiment s’assurer que le profil correspond au poste.

Pourtant, cela fonctionne extrêmement bien.

Nous pensons que la clé de son succès fut donc de faire de l’empowerment.

Phil Knight a eu la chance (ou le nez ?) de recruter des personnes proactives, qui n’avaient pas peur de la feuille blanche. Le fait d’être très peu dirigées les a surmotivées et elles se sont surimpliquées dans l’aventure, se sentant actrices des évolutions.


Nous avons trouvé particulièrement intéressant qu’une personne, dont le profil est bien loin de l’image des leaders que l’on se fait, ait pu finalement se révéler être un grand patron d’entreprise, grâce à une organisation horizontale. D’après nous, cela a fonctionné car les profils correspondaient (profils de « bâtisseurs ») et parce que tous les membres clés n’avaient pas d’ego démesuré : chacun se mettait au service de l’aventure commune.


7. Avoir une grande équipe et entretenir sa motivation

Le livre montre parfaitement que le succès de Nike repose sur le talent de plusieurs personnes. Phil Knight n’aurait jamais pu faire cela seul.

Bill Bowerman a été clé, comme déjà mentionné. Jeff Johnson a été moteur dans le développement des ventes. Son avocat Rob Strasser, son financier Del Hayes, sa femme Penny, ses autres salariés comme Bob Woodell ont tous contribué à bâtir le succès de l’entreprise, avec des profils très complémentaires, et très impliqués.

Malgré son « non-management » et son apparente nonchalance (qui pouvait être perçue comme de l’indifférence ou du manque de reconnaissance), Phil Knight a réussi à entretenir la motivation de son équipe au fil des années. Ceci parce qu’il n’a pas hésité à toujours challenger ses collaborateurs en les faisant régulièrement changer de poste (et souvent de ville en même temps !)

Ainsi, en 1973, Phil Knight demande à Bob Woodell et à Jeff Johnson d’échanger leurs postes, ce qui implique pour chacun de déménager à l’autre bout du pays (Phil Knight faire encore une fois preuve d’un grand pragmatisme).

L’équipe Nike a ainsi été challengée tout au long de sa carrière, apprenant sans cesse, se renouvelant, sans jamais s’installer dans une routine.


8. Avoir des convictions, se battre pour elles, persévérer

Phil Knight est toujours resté fidèle à ses principes : il s’est battu pour ses convictions, il a toujours fait preuve de loyauté envers ses partenaires.

Malgré ses litiges avec Onitsuka et avec les douanes, Phil Knight a continué à avancer.

Sa persévérance liée à une vraie intelligence d’adaptation ont permis à Nike de croître de manière spectaculaire.

Lorsque son litige avec les douanes peut se résoudre avec un accord financier, Phil Knight, persuadé de ne rien avoir à se reprocher, attendra que le montant à payer baisse fortement pour accepter. Il le fera, pressé par ses conseils. Le fait qu’il n’ait pas eu peur et qu’il ait cru en ses droits lui ont fait gagner de précieux millions de dollars.


9. Garder l’esprit d’origine, ne pas se prendre au sérieux le plus longtemps possible

Ce qui nous a également marquées, c’est le talent avec lequel Phil Knight a réussi à conserver pendant de longues années l’esprit de start-up dans l’entreprise. Blue Ribbon (puis Nike), c’est une entreprise où l’on ne se prend pas au sérieux, où il n’y a pas d’ego, où on cherche toujours à faire mieux, où on continue à se mettre en danger au quotidien.

Le symbole de cette culture d’entreprise est le séminaire annuel des « buttfaces », soit en français des « faces de cul » :

(Extrait de « L’Art de la Victoire »)


Garder l’esprit de conquête sans se prendre au sérieux, ne pas instaurer de ligne hiérarchique figée, refuser jusqu’à très tardivement d’ouvrir le capital de l’entreprise, semblent avoir permis à Nike de gagner des parts de marché et de maintenir son statut de leader, innovant, avec cet esprit audacieux : « just do it » !


10. Avoir de la chance

Il le dit lui-même, et nous en sommes persuadées : pour connaitre un tel succès, il faut de la chance, et surtout dans les moments clés.

Ce que nous enseigne le livre, c’est que Blue Ribbon (puis Nike) aurait pu ne jamais naitre, et a manqué de déposer le bilan plusieurs fois, la société ayant été sujette à de sérieuses menaces au cours de son développement (et notamment au niveau financier et juridique).

Dans ces cas-là, certaines circonstances favorables sont nécessaires. Il faut notamment être aidé par la bonne rencontre/le bon appui, ce dont Phil Knight a pu bénéficier : Onitsuka qui accepte de faire distribuer ses Tigers par Phil Knight, qui est un parfait inconnu pour eux, la société de négoce Nissho qui sauve l’entreprise de Phil Knight lorsque les banques lui ferment la porte, le sénateur Mark O. Hatfield qui accepte d’intervenir en leur faveur pour régler leur énorme litige douanier…



Enfin, la dernière leçon pour nous est de ne pas négliger son équilibre vie professionnelle-vie personnelle.



Lorsqu’on finit le livre, on ressent avec beaucoup d’émotion que Phil Knight regrette de n’avoir jamais pu être connecté/en phase avec son fils Matthew, et que, Matthew étant décédé jeune, il ne pourra jamais réparer cela.


Paul Knight


Vous l’aurez compris, profitez du confinement pour lire « L’Art de la Victoire » si ce n’est pas déjà fait ! L’ouvrage est rempli d’enseignements business, mais c’est aussi un superbe roman d’aventure !




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